EDITO. Le virus a tout son temps, nous, beaucoup moins…
- cardio du viaduc
- Jul 14, 2021
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Par Dominique Leglu le 13.07.2021 à 16h40 Lecture 3 min.
Editorial de Dominique Leglu, directrice éditoriale du pôle Sciences du groupe Challenges.

Un supporteur de football se fait vacciner dans une fan-zone à Poissy le 23 juin 2021. AFP/ARCHIVES - GEOFFROY VAN DER HASSELT Le virus a toujours un temps d’avance. Depuis le début de la pandémie, c’est devenu une évidence - même si cela chagrine les esprits - qui oblige les gouvernements des pays démocratiques à des ajustements permanents, au risque de l’impopularité. Se jouant des frontières, il impose sa loi darwinienne d’évolution, ce qui semble difficile à appréhender, enfermés que nous sommes dans une vision géographique classique. Démunis que nous sommes aussi, pour beaucoup, par manque de compréhension des mécanismes du vivant. Si l’évolution de SARS-CoV-2 n’est pas imprévisible – on aura compris que ce virus ne cesse de muter et plus il circule chez le plus grand nombre, plus il a de chances de muter – il demeure impossible de dire quand pourrait surgir un variant encore plus dangereux. Demain ? Après-demain ? Entendons un variant encore plus contagieux et qui serait capable "d’échappement immunitaire", selon les termes des spécialistes, autrement dit contre lequel les vaccins seraient moins efficaces. D’où l’importance fondamentale, non seulement de réduire au maximum la circulation du virus, mais aussi d’étudier en permanence le profil génomique des variants. L’obligation de présenter un pass sanitaire, annoncée ce lundi 12 juillet 2021 par Emmanuel Macron pour de très nombreuses situations liées à la vie quotidienne des Français, des centres commerciaux au café du coin, d’un (long) voyage en train à une séance au cinéma ou une visite de musée, sans oublier l’obligation de vaccination pour les personnels soignants et tous ceux en contact avec un grand public, tout cela a précipité les demandes d’injections. A preuve, le pic des inscriptions via Doctolib enregistré dès lundi soir. La crainte d’une 4ème vague due au Delta, qui remplirait à nouveau les services hospitaliers, a forcé le gouvernement à adopter cette mesure drastique de prévention et à susciter une accélération de la vaccination. Mais il ne faudrait pas oublier de regarder ailleurs. C’est partout dans le monde qu’a lieu la course de vitesse entre la propagation de l’épidémie et la distribution des vaccins. Un exemple : la décision du gouvernement japonais de ne pas laisser venir de spectateurs aux Jeux Olympiques, pour cause de faible taux de vaccination dans le pays (18% de vaccinés deux doses). Y a-t-il une raison, cependant, de ne pas désespérer ? Le SARS-CoV-2 ne mute pas aussi vite que le virus de la grippe dont les variants obligent en permanence à modifier le vaccin. Comme l’expliquent les virologues, le coronavirus possède en effet un efficace mécanisme de correction d’erreur au moment de sa réplication, ce qui ralentit ses variations. Reste qu’il a toujours devant lui jusqu’à 5 ou 6 milliards d’humains à infecter, à condition de soustraire nombre d’asymptomatiques… Pour l’instant, moins d’un milliard d’humains (dont plus de 220 millions en Chine et près de 160 millions aux Etats-Unis), ont été vaccinés, soit 12% de la population mondiale. L’immunité collective, et pas seulement en France (37% de vaccinés deux doses), n’est donc pas pour demain, d’autant que l’hésitation vaccinale tant redoutée par l’Organisation mondiale de la santé reste fort répandue. Et n’évoquons pas la possibilité d’un véritable plan d’action à l’échelle mondiale qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a appelé de ses vœux la semaine dernière, en évoquant le bilan - 4 millions de morts. Ici et maintenant, accélération de la vaccination, maintien des gestes barrières et grande prudence s’imposent si on veut réduire le taux d’incidence de l’épidémie et éviter, demain, l’obligation de vaccination pour tous. Le virus, lui, a tout son temps. Un nouveau défi pour les démocraties. COVID-19 CORONAVIRUS VACCIN VACCIN CONTRE LE COVID VARIANT DELTA DU COVID-19
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