Covid-19 : la transmission par les airs, principale source de contamination
- cardio du viaduc
- Apr 24, 2021
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Par Coralie Lemke le 23.04.2021 à 12h26
Plusieurs articles scientifiques soulignent l'importance de la transmission du Covid-19 par de minuscules particules de virus en suspension dans l'air.

Plusieurs études soulignent l'importance de la transmission par aérosolisation, c'est-à-dire des micro-particules de Covid-19 en suspension dans l'air. JACOPIN / BSIP / BSIP VIA AFP Il y a le gel hydroalcoolique pour tuer le virus sur nos mains. Il y a l'absence de contact physique pour éviter les postillons contaminés. Et puis il y a l'aération, pour éviter que le virus ne reste en suspension dans la pièce et n'infecte d'autres personnes. Cette piste des transmissions par aérosols vient de prendre encore plus d'importance, avec la sortie de trois articles scientifiques dans trois revues médicales différentes de premier plan : le Lancet, le British medical journal (BMJ) et le Journal of the american medical association (JAMA). Il ressort de ces travaux que non seulement le SARS-CoV-2, le virus responsable du Covid-19, voyage bien dans les airs mais également que les aérosols constitueraient le mode de transmission dominant du virus. Aérer les espaces permettrait donc de considérablement diminuer le nombre de particules en suspension dans les airs et de minimiser les contaminations. Concrètement, "une personne dans un environnement intérieur peut inhaler suffisamment de virus pour provoquer une infection à plus de 2 mètres de la source d'origine - même après que la source d'origine est partie", explique le British medical journal. Même en portant un masque, la protection contre une éventuelle transmission n'est pas garantie. "Les masques empêchent généralement les grosses gouttelettes de se poser sur les zones couvertes du visage et la plupart sont au moins partiellement efficaces contre l'inhalation d'aérosols. Cependant, une efficacité de filtration élevée et un bon ajustement sont nécessaires pour améliorer la protection contre les aérosols, car de minuscules particules en suspension dans l'air peuvent se frayer un chemin autour des espaces entre le masque et le visage." Il faut imaginer le virus comme de la fumée de cigarette, qui reste en suspension dans la pièce bien après que le fumeur a expiré sa bouffée. Une réponse aux contaminations inexpliquées Tout un faisceau d'arguments vont dans le sens de la transmission aéroportée. L'article publié par le Lancet liste 10 raisons scientifiques qui appuient la piste d'une transmission aérienne du virus. Les chercheurs mentionnent par exemple la survenue de nombreux clusters dans des lieux fermés, comme lors de concerts, sur des croisières, dans des abattoirs ou encore des Ehpads. "Ces événements ne peuvent pas être expliqués par une transmission par gouttelettes", étayent les chercheurs. Ils ajoutent que des transmissions du virus ont eu lieu dans des hôtels dédiés aux quarantaines, alors que les résidents sont justement restés séparés les uns des autres tout au long de leur isolement. Cela pourrait également expliquer pourquoi certaines personnes se font contaminer par le Covid-19 à l'hôpital alors qu'elles venaient se faire soigner pour tout autre chose initialement. "Le SARS-CoV-2 a été identifié dans les filtres à air et les conduits des bâtiments dans les hôpitaux avec des patients atteints de COVID-19 ; ces emplacements ne pouvaient être atteints que par des aérosols", rappellent les auteurs du papier. Par ailleurs, les personnes asymptomatiques (contaminées mais sans symptômes) et les personnes présymptomatiques (contaminées mais qui ne présentent pas encore de symptômes) sont responsables d'au moins un tiers, voire jusqu'à 59% des contaminations selon les calculs. Or ces personnes ne toussent pas et n'éternuent pas. La transmission aéroportée par l'air qu'ils expirent semble être la piste la plus probable pour expliquer ces contaminations. Enfin, l'équipe de scientifiques rappelle que les transmissions du Covid-19 sont beaucoup plus élevées à l'intérieur qu'à l'extérieur. D'ailleurs, "du SARS-CoV-2 viable a été détecté dans l'air. Lors d'expériences en laboratoire, il est resté infectieux dans les airs jusqu'à 3 heures." Il a aussi été identifié dans des échantillons d'air dans des pièces occupées par des patients atteints de Covid-19. L'importance d'aérer les pièces et de se rencontrer à l'extérieur Le Covid-19 n'est pas la première maladie pour laquelle la piste des aérosols peine à s'imposer. "L'hypothèse erronée selon laquelle la transmission par proximité immédiate implique de grosses gouttelettes a été historiquement utilisée pendant des décennies pour nier la transmission aéroportée de la tuberculose et de la rougeole. On fait parfois valoir que, puisque les gouttelettes respiratoires sont plus grosses que les aérosols, elles doivent contenir plus de virus. Cependant, dans les maladies où les concentrations d'agents pathogènes ont été quantifiées par la taille des particules, les plus petits aérosols ont montré des concentrations d'agents pathogènes plus élevées que les gouttelettes lorsque les deux ont été mesurés", conclut l'article du Lancet. Pour limiter les transmissions, il faudrait donc adapter la façon dont nous luttons contre la pandémie. "Changer d'air chaque heure et filtrer l'air sont deux propositions qui pourraient être déployés pour aider à réduire le risque de transmission aérienne du SRAS-CoV-2 et d'autres maladies respiratoires infectieuses dans la pièce", expliquent les chercheurs du JAMA, qui conseillent, en plus d'ouvrir les fenêtres, d'effectuer des contrôles dans les bâtiments pour assurer "une ventilation plus élevée" et "une filtration améliorée" de l'air. "Une partie fondamentale, mais souvent négligée, des stratégies de réduction des risques qui pourraient avoir des avantages au-delà de la pandémie actuelle." Pourtant, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) indique toujours que le virus se propage principalement par de grosses gouttelettes respiratoires plutôt que par des aérosols. L'OMS suggère simplement que la transmission du virus est "possible" par aérosols, en mentionnant certaines pratiques spécifiques, telles que le chant en chorale, les repas au restaurant ou encore les cours de sport dans les salles de fitness. Pour éviter d'inhaler le virus dans l'air que l'on inspire. le meilleur réflexe reste d'ouvrir les fenêtres en présence d'une autre personne et de rencontrer un maximum de personnes à l'extérieur, où le virus a plus de chances de se disperser. .
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